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 L’Irak après les USA : quatre scénarios

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Georges D. Nightmare

Georges D. Nightmare


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MessageSujet: L’Irak après les USA : quatre scénarios   L’Irak après les USA : quatre scénarios Icon_minitimeMar 23 Oct - 11:58

L’Irak après les USA : quatre scénarios
22 octobre 2007

Les USA sont la cause première de la violence en Irak, mais leur présence interdit aussi l’éclatement d’une guerre civile totale. Comment imaginer alors leur retrait ? Robert Dreyfuss analyse quatre scénarios, allant d’Apocalypse Now à l’Arrangement. Pour lui, seule une solution appuyée par les pays voisins de l’Irak et la communauté internationale, prenant le relais de la présence américaine, a encore quelques chances de succès. Mais, de la Turquie à l’Iran, de la Russie à la Chine en passant par les pays arabes, il y aurait alors un prix à payer. Les USA le voudront-ils ?


Par robert Dreyfuss, Mother Jones, 18 octobre 2007

Il convient de laisser tout d’abord de côté les vains espoirs. La paix ne naîtra pas le jour de leur retrait si les USA décident de quitter l’Irak ; la violence se poursuivra, peut-être pire encore. Ce n’est pas une raison pour y maintenir les troupes américaines, mais il faut prendre en compte cette dure réalité. A quel point la situation peut-elle se dégrader ? Voici quatre scénarios, allant du plus horrible à celui qui donne quelques raisons d’espérer.

I - Apocalypse Now
Le gouvernement irakien faible et inconsistant s’effondre et les milices entrent en guerre. Les kurdes s’emparent de Kirkourk et des champs pétroliers du nord. Les chiites et les sunnites ripostent. Les forces sunnites tentent de prendre Bagdad et combattent les forces chiites. Dans le sud les milices chiites s’affrontent pour le contrôle de Bassora tandis qu’Al Qaida établit ses repaires au cœur du territoire sunnite. Les combats s’intensifiant, les pays voisins interviennent : la Turquie envahit le nord de l’Irak pour écraser les kurdes, l’Iran et l’Arabie Saoudite viennent en aide à leurs alliés et les minorités oppressées des pays voisins se rebellent. Tous les ingrédients sont en place pour une guerre régionale, avec en arrière plan les deux tiers des réserves mondiales de pétrole. Le prix de l’essence est multiplié par 2.

Ceux qui l’envisagent : les faucons qui prétendent que les USA doivent rester en Irak de nombreuses années, comme le rédacteur en chef du Weekly Standard, William Kristol.

Ce qui le rendrait possible : Un retrait soudain des USA, sans qu’ait été mis en place un accord international sérieux. La vacance du pouvoir résultante renforcerait les extrémistes comme Al Qaida en Irak, les kurdes ultranationalistes et les escadrons de la mort chiites, entraînant les forces plus modérées et les pays voisins dans une guerre totale.

Les probabilités : 10 pourcents. Pas impossible, mais pas non plus certain comme voudraient le faire croire les faucons, en partie parce que les gouvernements de la région savent qu’ils seraient tous renversés si une guerre régionale éclate.

II - Mad Max
Le combat pour le contrôle du pays provoque des dizaines de milliers de victimes. Mais les pouvoirs régionaux s’accordent pour ne pas intervenir. Au bout d’un temps les combats les plus meurtriers baissent en intensité, laissant place à une situation à la somalienne, où les gangs, les milices et les seigneurs de la guerre font la loi. Pour empêcher que les massacres ne débordent à l’extérieur du pays, les troupes américaines mettent en place des zones de contrôle le long des frontières, des zones tampons militarisées parsemés de « points de rassemblement des réfugiés » - c’est-à-dire des camps - destinés à ceux qui tentent d’échapper à l’enfer irakien.

Ceux qui l’envisagent : Certains réalistes, préoccupés par le maintien de l’influence américaine au Moyen Orient voient là leur pire hypothèse. Parmi eux, on trouve Daniel Byman et Kenneth Pollack du Brookings Institution.

Ce qui le rendrait possible : la continuation du soutien aux chiites au pouvoir et aux séparatistes kurdes, qui compromet les chances d’une réconciliation nationale.

Les probabilités : 20 pourcents. Sans soutien extérieur, les factions pourraient difficilement se lancer dans une guerre totale.

III - Partition
L’Irak est divisé en kurdistan, chiistan et sunnistan, et ces mini-états se disputent le contrôle du pétrole irakien. Michael O’Hanlon, co-auteur d’un rapport pour le Brookings intitulé « Les justifications d’une partition douce de l’Ira , » écrit que cinq millions d’irakiens seraient déplacés. D’autres observateurs nomment ce scénario une « mauvaise idée dont l’heure est arrivée. »

Ceux qui l’envisagent : En dehors du gouvernement Bush, une grande partie des cercles de Washington s’est ralliée à cette idée. Parmi ses partisans on trouve le sénateur Démocrate Joe Biden, Leslie Gelb, du Council on Foreign Relations, le conseiller des Kurdes Peter Galbraith et Pauline Baker du Fund For Peace.

Ce qui le rendrait possible : Continuer d’armer les tribus sunnites, les forces de sécurité qui sont dominées par les chiites, et les milices kurdes, en s’assurant que chacune ne soit que juste assez forte pour s’emparer d’une partie du pays.

Les probabilités : 30 pourcents. Les gouvernements américain et irakien et la plupart des politiques irakiens à l’exception des kurdes y sont opposés, mais si personne ne contraint les protagonistes à s’asseoir à la table de négociation, c’est une possibilité réelle.

IV - L’Arrangement
Les politiciens corrompus qui sont arrivés en Irak dans les hélicoptères américains, depuis les créatures de Washington comme Ahmed Chalabi jusqu’aux religieux chiites qui étaient en exil en Iran, abandonnent le navire lorsque les troupes US quittent le pays. Comme Zbigniew Brzezinski, l’ancien conseiller de Carter, l’a dit « les seuls irakiens qui veulent que les USA restent en Irak sont ceux qui devraient partir en même temps qu’eux. » Dans le camp sunnite, une myriade de groupes d’insurgés, de chefs tribaux et d’anciens membres du pouvoir baasiste tentent de trouver un arrangement pour partager le pouvoir avec les chiites. Du côté chiite, les nationalistes prennent le dessus sur les séparatistes et les affidés de l’Iran et forgent un compromis. Le gouvernement de coalition qui en résulte est à la fois anti-américain et anti-iranien. Il écrase sans merci Al Qaida en Irak et persuade les kurdes de se contenter d’une autonomie limitée et non pas de l’indépendance.

Ceux qui l’envisagent : Mis à part l’anti-américanisme, l’objectif affiché du gouvernement américain reprend une version de ce scénario, bien que ses politiques actuelles le compromettent à chaque occasion.

Ce qui le rendrait possible : Le soutien aux efforts des Nations Unies pour rouvrir le dialogue en Irak. Mettre en place des discussions sur la paix avec le soutien de l’Europe, de la Russie et de la Chine qui ont toutes des vues sur le pétrole irakien. Arrêter d’armer les factions et commencer un retrait ordonné.

Les probabilités : 40 pourcents. Si le retrait s’accomplit correctement, les chances pour que cette issue se réalise sont convenables, bien qu’elle s’accompagnerait de nombreuses violences pouvant aisément échapper à tout contrôle et conduire aux scénarios les plus sombres.

Affirmer qu’un retrait améliorerait instantanément les choses est une douce illusion. Mais ceux qui déclarent que les pires scénarios sont inévitables utilisent eux aussi de fausses hypothèses. Ils prétendent que l’Irak a été créé arbitrairement par les britanniques, en oubliant que la « terre entre les deux fleuves » existe depuis l’époque de Babylone. Ils affirment que chiites et sunnites sont en proie à des haines anciennes et irréconciliables, alors qu’un tiers des mariages en Irak sont inter-religieux ou se font entre ethnies. Malgré la montée de la violence, seuls 14% des irakiens étaient en faveur d’une partition en mars dernier, et la plupart rejettent le fondamentalisme religieux d’Al Qaida et de la Théocratie iranienne. Les pessimistes ignorent aussi le fait que la richesse pétrolière contrecarre ces tendances centrifuges. Le fragile réseau de puits, d’oléoducs, de raffineries et de terminaux pétroliers ne supporterait pas une guerre civile, et tout le monde veut sa part de ce gâteau.

Reconstruire l’Irak ne peut cependant pas être une tâche américaine. Les USA n’ont aucune crédibilité pour réunifier le pays, pas plus que leurs alliés irakiens, y compris le gouvernement actuel. Il faut donc que ce soit le reste du monde qui s’en occupe. Depuis 2003, Washington a traité l’Irak comme une chasse-gardée. Mais lorsque les troupes s’en iront les USA devront aller plaider auprès des Nations Unies, de la Ligue Arabe, de l’Organisation de la Conférence Islamique pour qu’elles jouent les bons offices auprès des protagonistes irakiens et exercent des pressions sur leurs soutiens étrangers. Si un accord peut-être obtenu, l’OCI devrait superviser les forces de maintien de la paix venant de pays musulmans comme le Pakistan et l’Egypte, ce qui représentera, à l’échelle de l’Irak, une tâche sans précédent.

Il y aura un prix à payer pour toutes les parties prenantes, à commencer par une aide massive des nations intéressées, y compris la Chine et le Japon. Les pays voisins réclameront aussi leur lot, et devraient l’obtenir : la Turquie veut une aide économique, le statut de membre de l’Union Européenne, et des garanties de sécurité sur le problème kurde. Les états arabes demanderont un engagement sérieux des USA pour un accord Israélo-Palestinien - et c’est peut-être là le seul problème plus difficile à résoudre que l’Irak. L’Iran recherchera la négociation globale qui lui a été refusée jusqu’à présent : accords économiques et garanties de sécurité, éventuellement en échange d’une acceptation de limiter son programme nucléaire.

Même si toutes ces conditions sont réunies, il restera aux irakiens la tâche difficile de forger une nouvelle constitution et d’élire un gouvernement, processus auquel la politique actuelle des USA ne les prépare guère. La lutte contre l’insurrection a interdit l’apparition de partis de masses sunnites, tandis que du côté chiite les USA se sont alliés aux groupes les plus sectaires et les plus pro-iraniens, y compris celle du premier ministre Nouri Al Maliki. Si tout ceci se poursuit, même les scénarios les plus modérément optimistes deviendront alors de vains espoirs.


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Publication originale Mother Jones, traduction Contre Info
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