Le gouvernement irakien va officiellement révoquer l'immunité dont les compagnies de sécurité étrangères bénéficient en Irak, a annoncé mercredi 24 octobre le porte-parole du cabinet Ali Debbagh. "Le gouvernement s'est réuni hier (mardi) et a décidé de révoquer l'article de loi passée en 2004 par l'Autorité provisoire de la coalition concernant les compagnies de sécurité", a-t-il expliqué dans un communiqué.
Cette annonce survient après le scandale provoqué par l'affaire Blackwater. Un association américaine de défense des droits de l'homme avait annoncé le 11 octobre le dépôt d'une plainte contre la société de sécurité Blackwater au nom d'un survivant et des familles de trois victimes irakiennes de la fusillade du 16 septembre à Bagdad.
17 morts et 27 blessés
Selon un enquête commandée par le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki à son ministre de la Défense et d'autres responsables militaires et policiers, quatre véhicules de Blackwater, qui escortaient un convoi avaient ouvert le feu sur une des places les plus importantes de Bagdad, faisant 17 morts et 27 blessés. La commission d'enquête n'avait trouvé aucune preuve que le convoi ait auparavant essuyé des tirs, directs ou indirects. On compte au moins six autres affaires dans lesquelles des morts sont attribuées à Blackwater.
Indemnisations exigées
Mais il avait fait scandale en Irak, qui réclamait la fin de toute impunité juridique pour les personnes chargées de la protection des diplomates, les hommes de Blackwater bénéficiant à ce titre de l'extraterritorialité.
Aux USA, l'affaire avait relancé la polémique sur l'opportunité de confier à des "armées privées" nombre d'opérations de sécurité américaine en Irak. Le rapport irakien, qui avait selon le ministère de l'Intérieur été remis aux autorités américaines, exigeait des indemnisations aux familles des victimes s'élevant à 136 millions de dollars au total. Il justifiait cette somme conséquente par le fait que "Blackwater utilise des employés irrespectueux des droits des citoyens irakeins alors même qu'ils sont invités dans ce pays", pouvait-on lire dans le rapport.
Source : Nouvel Observateur