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Moi ça me fait rire de voir comment ces évangélistes sont arriérés et intolérants !!
Le vote évangélique courtisé par Obama et McCain
Rédigé par Marjorie Paillon le 28 Juillet 2008 à 10:18
arack Obama et John McCain se rencontreront enfin le 16 août prochain, mais débattront d'un thème inattendu : leur foi. Les deux candidats ont répondu présent à l'invitation du télévangéliste Rick Warren. Ilovepolitics.info a rencontré à Lynchburg, en Virginie, un de ses amis, Jonathan Falwell. Le fils du pasteur Jerry Falwell a repris la direction de la Megachurch familiale. L'occasion de faire un point sur le vote évangélique et sonder la foi politique de ses fidèles.
L'auditorium de Thomas Road Baptist Church. ThomatLU, licence CC, flickr
L'attraction de la ville de Lynchburg en Virginie, c'est son église, Thomas Road Baptist Church. Mais ce n'est pas un clocher comme les autres. Il s'agit d'une megachurch. Parkings à perte de vue, nurserie pour garder les enfants pendants le service religieux, coin café équipé de wifi... L'église a pensé à tout. Lynchburg a une importante communauté coréenne. Qu'à cela ne tienne, Thomas Road propose un "Korean service". Avant la cérémonie de 11 heures, la plus importante du dimanche car elle est suivie par quelques 5 000 fidèles sur place, et plus du triple à la télévision, vous irez bien faire un tour sur les stands qui pavent l'auditorium. "Nous appelons cette artère Main Street" annonce fièrement Scott, mon hôte de la matinée. Personnellement, je l'aurai plutôt rebaptisée l'allée des marchands du temple. "Beaucoup de mères, croyantes ou non, viennent ici même en semaine pour mettre leurs enfants à la garderie et prendre un peu de temps pour elles. C'est bien plus sûr que les établissements en ville." Et bien moins cher qu'une babysitter. L'entrée est libre. A chaque fidèle de décider du montant de leurs dons quand arrive l'heure de la quête. "Thomas Church ne vit que de dons privés et des droits d'inscription à son université". Le campus de la Liberty University est d'ailleurs attenant à la Megachurch.
Scott est chargé de me faire rencontrer le nouveau maître des lieux, Jonathan Falwell. Le fils a pris la succession du père, Jerry Falwell, à sa mort en mai 2007. Jerry Falwell était une des figures de proue de la droite évangélique. Il partagait avec John Hagee ou Rod Parsley le goût des polémiques. Il avait entre autre défrayé la chronique en déclarant qu'un des personnages de l'émission pour enfant les Télétubbies était gay, ou en accusant les féministes, les athées, les pro avortement et les homosexuels d'être responsables du 11 septembre.
"Vous allez voir, Pasteur Jonathan est un homme formidable. Il ne calque pas ses prêches sur ceux de son père. Il a sa propre liberté de ton." 42 ans, rousseur flamboyante, Pasteur Jonathan sort de scène. Il vient d'assurer le premier office de la matinée, un tour de chauffe pour le grand show de 11 heures. Son garde du corps me fait signe. Je peux passer au salon pour la dite interview. Madame Falwell mère est assise à côté de son fils. Elle n'a jamais manqué un dimanche au temps où son mari était chargé du prêche. Elle reste fidèle depuis à la tradition. Jonathan Falwell arbore un large sourire et répond aux questions avec un étonnant esprit de consensus. Déformation professionnelle j'imagine. Pendant les primaires, il soutenait son confrère, l'ancien pasteur Mike Huckabee. Aujourd'hui, il défend la candidature de John McCain. "John McCain est le meilleur candidat dans cette élection. Je le soutien à titre personnel et ferai de mon mieux pour qu'il accède à la Maison Blanche. Je ne peux pas inciter ouvertement mes fidèles à voter pour lui, mais je les encouragerai à faire leur devoir le jour de l'élection." Jonathan Falwell ne peut pas ouvertement parler de politique dans son église, pour un raison très prosaïque : s'il le faisait, il perdrait les avantages dont bénéficie son association à but non lucratif et serait aussitôt soumis à l'imposition.
Quand on lui rappelle que John McCain s'en était violemment pris à son père en 2000 en le traitant "d'agent d'intolérance", Jonathan garde son calme. "Ses mots ont dépassé sa pensée. Tout cela, c'est du passé, et nous devons regarder vers l'avenir. On ne peut pas avoir de président parfait. Ronald Reagan lui-même n'était pas parfait. On ne peut pas non plus avoir de candidat parfait. John McCain ne l'est pas. Mais il n'est pas dans notre interêt de voir un démocrate, fusse-t-il Barack Obama, accéder à la Maison Blanche."
Si le pasteur Jonathan reste consensuel en surface, ses fidèles le sont moins. Il n'y a qu'à sonder leur opinion à la sortie de l'office. Un couple d'une cinquantaine d'année arbore fièrement des t-shirts violets portant l'inscription "Evangelical forever". Demandez-leur qui est le meilleur candidat... Ils vous répondent su tac au tac : "Mike Huckabee!" "Je ne sais pas vraiment ce qui va se passer dans cette élection. Ce qui est sûr, c'est qu'aucun des finalistes ne me plait. Je pense que je vais m'abstenir de voter." déclare l'homme. Son épouse préfère voter pour un parti indépendant comme celui de Chuck Baldwin plutôt que de laisser perdre son vote. "Je ne peux pas voter pour John McCain. Et Barack Obama, a été musulman, vous savez..." Un autre couple du même âge leur fait face. L'homme reprend derrière elle, sur un ton péremptoire: "Je vais certainement pas voter pour ce traitre de McCain. Je préfère encore voir ce Noir, Obama, rentrer à la Maison Blanche pour tout y casser et laisser ce pays dans une situation tellement catastrophique qu'on pourra enfin avoir un candidat républicain digne de ce nom dans ce pays." Sa femme essaye de sauver la face: "Oui, enfin, il faut quand même voter pour John McCain, c'est tout de même lui qui a été choisi par les militants républicains."
John McCain et Barack Obama seront ainsi en terrain hostile lors de leur débat du 16 août chez le télévangéliste californien Rick Warren. Qu'on se le dise.