PARIS (Reuters) - La Bourse de Paris, comme les autres places boursières, a essuyé à nouveau de fortes pertes, l'aggravation de la crise du marché du crédit obligeant les banques centrales à injecter pour la deuxième journée consécutive des liquidités pour tenter de ramener le calme.
Dans un marché en proie aux craintes de propagation de la crise du subprime américain à l'ensemble de l'économie via un phénomène de raréfaction du crédit ("credit crunch"), le CAC 40 (PX1) a chuté de 3,13% à 5.448,63 points, touchant à un moment un plus bas de 5.434,93, ses plus bas niveaux depuis la mi-mars.
L'indice s'approche ainsi à grand pas de la zone des 5.330 points, un seuil majeur correspondant à la ligne basse du canal haussier amorcé en mars 2003.
"La crainte, aujourd'hui, c'est de voir l'effet systémique tant redouté se produire", déclare Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis (KN) AM.
Les marchés vont connaître une volatilité "explosive" et il faudra du temps, selon lui, pour retrouver la confiance.
Selon un autre professionnel, la volatilité moyenne sur le contrat future Eurostoxx à deux ans a bondi à 28 contre 17 environ à la fin juin.
Les volumes de transactions ont de nouveau été très étoffés : 14 milliards d'euros à Paris, dont 8,5 milliards sur les seules valeurs du CAC, près de 1,1 milliard sur Société Générale (GLE) et 740 millions sur BNP Paribas (BNP).
Sur la semaine, le CAC a perdu 2,67% et accuse maintenant un recul de 1,68% depuis le début de l'année.
Londres a de son côté cédé 3,71% et affiche désormais une performance négative de 2,93% sur 2007.
Francfort, en repli de 1,48%, a mieux résisté, les hausses des valeurs chimiques et des "utilities" permettant de limiter la casse. Depuis le début de l'année, le Dax reste très nettement en territoire positif avec un gain de 11,31%.
L'Eurostoxx 50 termine en repli de 2,66% et le FTSEurofirst 300 de 2,86%.
Les emprunts d'Etat ont joué leur rôle traditionnel de valeur refuge, provoquant une nouvelle détente sur les taux longs. Le rendement du 10 ans européen perdait ainsi 5 points de base à 4,344% à la clôture et le 10 ans américain 2,5 points à 4,75%.
AVALANCHE DE MAUVAISES NOUVELLES
La crise du crédit, qui avait connu une brusque dramatisation jeudi avec l'annonce de la fermeture temporaire de trois fonds de BNP Paribas (BNP) et l'injection massive de liquidités opérée sur le marché monétaire par la BCE, s'est encore aggravée avec une avalanche de mauvaises nouvelles.
En Europe, DWS, filiale de gestion d'actifs de Deutsche bank (DB), a fait savoir que son fonds ABS, qui investit en obligations titrisées, subissait des retraits massifs.
Aux Etats-Unis, Countrywide Financial, leader du crédit immobilier, et Washington Mutual, numéro un de l'épargne et des dépôts ont annoncé que les "perturbations sans précédent" sur les marchés pourraient avoir impacter négativement leur activité et leurs résultats.
Fannie Mae, le spécialiste du refinancement hypothécaire, a reporté la publication de ses trimestriels au 16 août, et différé l'annonce de son émission obligataire mensuelle, du 13 au 20 août.
Face aux fortes tensions sur le marché monétaire provoquées par les besoins des établissements financiers, les banques centrales ont adopté des mesures exceptionnelles. La BCE, qui avait déjà alimenté le marché la veille à hauteur de 94,8 milliards d'euros, un montant record, y a de nouveau injecté 61,05 milliards d'euros.
La Fed a son côté procédé à des injections de liquidités à deux reprises pour un total de 35 milliards de dollars alors qu'elle ne procède habituellement qu'à une opération de prises en pension le vendredi.
ALSTOM CHUTE DE 7%
Aux Etats-Unis, les marchés boursiers, qui avaient déjà perdu entre 2,1 et 2,8% jeudi, parvenaient à limiter leurs pertes, à 1% environ pour le Dow Jones, le S&P 500 et le Nasdaq composite à la clôture européenne.
Les bancaires ont de nouveau été attaquées, Société Générale (GLE) chutant de 5%, BNP Paribas (BNP) de 4,36%, Dexia (DX) de 3,72% et CREDIT AGRICOLE de 2,85% alors que l'indice sectoriel européen a lâché 3,71%.
ALSTOM, qui avait jusqu'ici bien résisté, a chuté de 7,31%, soit la plus forte baisse du CAC 40 (PX1). Capgemini (CAP), Arcelor (LOR) MITTAL et Air France-KLM (AF) KLM ont toutes perdu plus de 5%.
Les produits de base ont essuyé la plus forte baisse sectorielle en Europe (-5,66%), victimes de craintes que la croissance mondiale ne soit affectée par la crise actuelle.
Pour les mêmes raisons, les cours pétroliers ont continué leur recul, le baril de brut léger américain livraison septembre perdant 83 cents à 70,76 dollars.
Le dollar se traitait à 1,3675 pour un euro.
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