US : la baisse des taux de la Fed n'est pas acquise
La Fed rendra ce soir à 20h15 la décision la plus attendu de la semaine par les marchés : Baissera-t-elle le taux d'intérêt des fonds fédéraux, et si oui de combien?
Une baisse des taux de 25 points de base, à 4,25%, semble pratiquement acquise, du moins si l'on suit le consensus du marché. En repartant à la hausse ces derniers jours, il a en effet plaidé en ce sens.
Turbulences financières
La question est néanmoins plus délicate qu'il n'y paraît, et le scénario d'un statu quo monétaire a fait son chemin chez les économistes récemment.
Certes, hier, les nouvelles difficultés des banques suisse UBS et allemande SachsenLB militent en faveur d'un assouplissement monétaire, en relançant les craintes liées au subprime. UBS a annoncé une nouvelle dépréciation de 10 milliards de dollars, tandis que SachsenLB pourrait être exposée à hauteur de 43 milliards d'euros. De quoi relancer prudence et suspicion sur leurs consœurs américaines, et maintenir les secousses à l'œuvre sur le marché monétaire.
Mais dans le même temps, la solidité de l'économie américaine, qui résiste beaucoup mieux que prévu, et le risque inflationniste persistant apportent de l'eau au moulin des opposants à une nouvelle baisse au sein même de la Fed.
Après la vigueur inattendue de l'économie au troisième trimestre, la bonne santé du marché du travail a en effet surpris la semaine dernière, donnant un nouvel élan haussier à Wall Street, et un soutien précieux au dollar. Du moins sur le papier en tout cas, car la situation sur le front de l'emploi n'est pas si rassurante que cela (lire l'article Le marché de l'emploi américain en clair obscur).
Inflation persistante
Quant à la hausse des prix, on pourra objecter à juste titre que l'inflation n'avait pourtant pas empêché l'institution monétaire américaine de baisser le 31 octobre son principal taux d'un quart de point, à 4,50%, et d'un demi-point le 18 septembre.
Mais les derniers chiffres disponibles de l'indice des prix à la consommation ont montré une accélération de l'inflation, bien au-dessus de la zone jugée confortable par la Fed (lire l'article US : l'inflation, la menace la plus sérieuse pour l'économie ?).
A ces deux arguments économiques en faveur du statut quo monétaire s'ajoute la question du dollar faible, sujet au moins aussi politique qu'économique. Car une baisse de 25 points, même si elle a été largement anticipée par le marché, pousserait à nouveau le billet vert dans ses retranchements face à l'euro. Le yuan étant arrimé au dollar, cela relancerait la polémique de l'euro fort, et ferait porter l'essentiel des ajustements monétaires mondiaux sur la monnaie unique. Et les Etats-Unis verraient l'euro devenir de nouvel étalon de valeur et la réserve de change mondial.
Un argument qui pourrait donc militer, avec celui du dérapage des prix, pour un report de l'assouplissement monétaire au premier trimestre 2008.
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