Le parti travailliste du Premier ministre Gordon Brown se dirigerait vendredi vers une humiliante défaite aux élections locales tenues en Grande-Bretagne, subissant son pire score depuis une quarantaine d'années, selon une estimation de la BBC.
Le Labour se classe en seulement troisième position, avec 24% des voix, derrière les libéraux-démocrates (25%) et les conservateurs (44%), selon une estimation réalisée par la BBC sur la base de résultats encore partiels. Si ces chiffres étaient confirmés, il s'agirait des pires élections locales pour le Labour depuis quarante ans, ajoute l'organisme public.
Sur les 4.102 sièges mis en jeu en Angleterre et au Pays de Galles, le Labour en perd 146, tandis que les conservateurs en gagnent 143 et les libéraux-démocrates dix, selon les résultats disponibles vendredi tôt dans la matinée sur 99 des 159 conseils locaux disputés.
Le Labour perd ainsi le contrôle de cinq conseils tandis que les conservateurs en emportent sept. Les libéraux-démocrates en perdent un.
Les résultats encore attendus pour une cinquantaine de conseils pourraient creuser encore davantage les pertes du Labour, avec un total de 250 sièges, voire 300, concédés à l'opposition, selon les différentes estimations des médias.
Il s'agirait alors de la plus mauvaise performance du Labour lors d'un scrutin local depuis la fin desannées 60 et le cuisant revers déjà enregistré en 2004 après la décision controversée du Premier ministre de l'époque, Tony Blair, d'engager le Royaume-Uni dans la guerre en Irak.
Le Labour avait en 2004 également terminé en troisième position en termes de voix, avec 26%, derrière les libéraux-démocrates (27%) et les conservateurs (37%).
Gordon Brown, qui a succédé à Tony Blair en juin dernier sans avoir à passer par les urnes, perd ainsi son premier véritable test électoral. Il a été fragilisé depuis l'automne par une succession de couacs qui ont fait douter de ses qualités jusqu'au sein de sa propre famille politique. Cette déroute est de mauvais augure dans la perspective des élections législatives qu'il doit convoquer au plus tard d'ici 2010.
Les conservateurs pourraient également confirmer leur victoire en ravissant au Labour la mairie de Londres, pour lequel les résultats ne seront pas connus avant vendredi dans la soirée.
Le maire travailliste sortant, Ken Livingstone, en déposant son bulletin dans l'urne dans le nord-ouest de la capitale, a reconnu jeudi dans la matinée que le scrutin s'annonçait "très serré". "Ken le rouge" avait été élu en 2000 et confortablement reconduit en 2004. Mais la bataille est cette fois-ci plus ardue face au conservateur Boris Johnson, un blond excentrique à l'humour de potache qui lui a valu le sobriquet de "Boris le bouffon".
"Si le tableau national est reproduit au niveau de Londres, alors clairement cela va être très sérieux", a estimé dans la nuit Martin Bright, chef du service politique du New Stateman, un hebdomadaire de gauche. MM. Livingstone et Johnson étaient donnés au coude à coude par la majorité des instituts de sondage.
Le passage de Londres, traditionnellement à gauche, aux mains des Tories serait emblématique de l'impopularité grandissante du Labour, d'une ampleur inédite depuis une vingtaine d'années.
"Ce que nous entendons ce soir, nous le prendrons bien entendu très au sérieux", a réagi jeudi la ministre des Communautés et du Gouvernement local Hazel Blears. "L'économie est difficile pour les gens, ils sentent l'austérité - les crédits, le prix de l'essence, tout ça - et inévitablement, qui blâmez-vous, vous blâmez le gouvernement."
Un sondage ne portant pas directement sur ces élections locales ne manquera pas d'ajouter aux soucis du Premier ministre. Selon une étude pour la BBC, 58% des Britanniques jugent le chef des Tories David Cameron compétent, 46% pensant de même de M. Brown. L'an passé, ces chiffres étaient inversés: 49% pour M. Cameron, 57% pour M. Brown.