JOHN MCCAIN : L’INTERET DE LA FRANCE ET DE L’EUROPE
Par Yves ROUCAUTE
Agrégé de philosophie, agrégé de science politique, Professeur des Universités. Faculté de droit, Paris X Nanterre.
Auteur de « Vers La Paix des Civilisations ». Ed Alban. 2008.
Les médias s’enflamment, les gauches s’enthousiasment, la droite elle-même offre souvent son bras : l’obamania est arrivée. « Fascinez par de doux prestiges, plongez dans une mer d’illusions » (Goethe) : dans les débats qui opposent anti-McCain aux pro-Obama, le style Barak Obama séduit, j’en conviens. D’ailleurs, avoir eu l’épaule et la cheville percées à coups de baïonnette, avoir été torturé indéfiniment, suspendu par les bras cassés des jours durant, isolé deux ans, emprisonné cinq, prédispose moins John McCain à la politique spectacle.
Reste le fond. Ici, le bât blesse car, à l’évidence, l’intérêt de la France et de l’Europe s’appelle John McCain. L’intérêt de l’Amérique aussi.
Doit-on applaudir le projet économique et social de Barak Obama et le déclarer « progressiste » ? Comment la gauche expliquera-t-elle aux prochaines élections françaises son soutien à celui qui veut empêcher les délocalisations américaines en Europe et en Asie, rapatrier les investissements, mettre des barrières douanières ?
Cherchant l’appui des employés des industries qui craignent la mondialisation et celui de leur principal syndicat américain (AFL CIO), dirigé par son ami John Sweeney, Barak Obama défend en effet protectionnisme et guerre économique. Un symptôme : le démocrate s’oppose au contrat remporté par Airbus qui pourrait être annulé au bénéfice de Boeing s’il est élu ; John Mc Cain a, lui, jugé le contrat conforme aux conditions normales de concurrence équitable. Le 20 avril, le candidat de gauche, après s’être dit opposé au marché commun de l’Amérique du nord (ALENA), inquiétant Canada et Mexique, a exigé l’ouverture de renégociations. Il prévoit de freiner l’entrée des produits des pays émergeants, dénonce le Traité avec la Colombie et les conditions de concurrence avec l’Europe et le Japon.
Populisme et étatisme suivent naturellement cette vision archaïque du monde : faire payer les riches, taxer profits financiers et pétroliers, abandonner les mesures fiscales favorables aux grandes entreprises, politique de grands travaux (66 milliards de dollars), injection de 150 milliards pour des emplois dans les nouvelles énergies... Barak Obama exprime la réaction du vieux monde issu de la révolution industrielle et des idéologies utilitaristes et socialistes que la nouvelle économie met à mal.
John McCain ? Il propose d'infléchir la politique qui a permis le développement des Etats-Unis et propulsé l'économie mondiale, libérant les énergies en supprimant l'impôt minimum, en diminuant sensiblement l’impôt fédéral (35 à 25%) et les taxes, en augmentant l'exemption fiscale sur les successions, en passant en charge déductibles les investissements technologiques, en supprimant les barrières tarifaires et les quotas sur les matières premières, en imposant à la fonction publique les règles de performance. Le nouveau monde et ses nouveaux modes de pensée.
Doit-on acquiescer à cette autre idée que Barak Obama réconcilierait l’Amérique avec elle-même, blancs et noirs ? Diantre. Mais la réconciliation raciale est scellée depuis bien longtemps, depuis le drame du 11 septembre 2001. Et le fer de lance en fut le parti républicain. Un parti créé par Abraham Lincoln, contre le parti démocrate esclavagiste qui préféra la guerre civile à la liberté des noirs. Le droit de vote des noirs ? Il fut donné en 1870 par le républicain Ulysses Grant, et non par son prédécesseur, le démocrate Andrew Johnson. Il fallut attendre 1961 pour voir le parti démocrate accepter l’égalité des droits. Et qui prit le risque de nommer le premier chef d’état major afro-américain ? George Bush. Le premier secrétaire d’Etat américain ? George W. Bush. Avant de désigner Condoleeza Rice, une femme et une afro-américaine.
D’ailleurs, qui permettra à la première femme de l’histoire américaine d’entrer à la maison blanche ? Le parti républicain, avec Sarah Palin, candidate à la vice-présidence. Certes, Sarah Palin est chrétienne et de droite, cela justifie-t-il, pour ceux qui hier encensaient Hilary Clinton au nom de sa féminité, de lancer une campagne ignominieuse ?
Il ne suffit donc pas de dire que la gauche démocrate n’a pas le monopole de la défense des femmes et des minorités, il faut ajouter que la droite républicaine, fidèle à ses valeurs judéo-chrétiennes de liberté, les défend mieux et sans idéologie.
Reste le mythe d’un Barak Obama, faiseur de paix.
J’admets seulement qu’il est l’homme du changement… Le 18 mai 2008, l'Iran n'était pas une menace, le 20, il l’était, et sur son site, il explique : défendre Israël, oui, mais toute frappe doit être bloquée par le Congres afin de régler les problèmes diplomatiquement. Terrorisme ? Il faut négocier avec les chefs terroristes, il ne le faut pas, finalement il le faut et il ne le faut pas. Irak ? Les démocrates ont admis le succès de l'opération "The Surge" de G W Bush : envoi de troupes supplémentaires sur le terrain et construction de rapports de confiance. Sauf un : Barak Obama. Seul, il s’oppose à l’opération. Puis, le 3 juillet, il change d’avis : succès. Puis il se rétracte encore : succès militaire, échec politique. Il veut partir sans tarder mais peut-être rester un peu… Peut-être n’est-ce pas Barak Obama qui change, mais le vent…
Ce qui est certain : avec Barak Obama, le monde devient incertain.
Avec John McCain, la guerre contre le terrorisme restera une priorité. Si l'Iran reste une menace, il faut se préparer à une frappe préventive. Les troupes défendront l’Irak et le quitteront en 2011. La défense des droits de l’homme restera une priorité, du Tibet à Cuba. Une voix claire dans un monde qui l’exige face au terrorisme international et aux réseaux criminels. Une voix qui rassure.
Face à Faust séducteur, le bon sens s’appelle définitivement John McCain.
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