Changement d'emballage, recettes modifiées, diminution du contenu: les fabricants de produits alimentaires, soucieux de préserver leurs marges, utilisent divers procédés pour camoufler les hausses des prix, relève le magazine "60 millions de consommateurs" à paraître jeudi.
Il faut "être un consommateur sacrément avisé" pour remarquer ces pratiques, souligne le mensuel. Même les statistiques officielles ont bien du mal à les détecter, ajoute le magazine de l'Institut national de la consommation, qui va lancer jeudi un observatoire de "l'inflation masquée".
Au moment où la plupart des Français peinent à boucler leur budget, le magazine explique dans son enquête, citant des marques, les procédés les plus fréquemment utilisés pour doper les prix "sans que cela saute aux yeux du client". L'un des plus utilisés est la diminution du produit.
Le magazine mentionne les biscuits "Prince" de Lu qui ne pèsent plus que 300 grammes contre 330 avant l'été. Jockey de Danone a aussi réduit les quantités: 850 g de fromage blanc contre un kilo ou les petits pots désormais à 90 g contre 100 g auparavant.
Les barres chocolatées Mars avaient eu la même idée quelques mois plus tôt, relève le mensuel.
"Au début de l'année, tout le monde a cogité pour anticiper les hausses des matières premières" comme le blé et le lait, raconte un chef de produit de l'industrie agroalimentaire, cité dans l'enquête. "Sur certains produits, décision a été prise de changer de grammage plutôt que d'augmenter le tarif unitaire", ajoute-t-il.
Une autre stratégie consiste à changer l'emballage, un procédé qui "ouvre la voie à de très jolies augmentations pour le client", souligne le mensuel.
Des chewings-gums vendus chez Aldi sous la marque Feel Free sont ainsi passés de 13,75 à 20,73 euros dans leur nouveau conditionnement. Le mensuel cite aussi les fabricants de sucre en poudre dont les emballages sont désormais des sachets plastiques de 750 g ou encore l'huile d'olive Lesieur, longtemps conditionnée en litre, qui s'est vue flanquer d'une petite soeur de 75 cl en 2006.
La troisième méthode, "probablement la plus pernicieuse", est la modification de la recette. Il s'agit de remplacer des ingrédients onéreux par des matières premières moins chères ou de changer la composition pour abaisser le coût de revient. Le mensuel précise que les changements de recettes semblent être "surtout l'apanage des premiers prix ou du hard discount".
"En général il n'y a augmentation de prix que quand il y a un changement de recette, donc quand il y a une valeur ajoutée au produit", a déclaré à l'AFP, Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania).
Selon M. Buisson, qui se dit "réticent sur la qualité des enquêtes" du magazine de l'INC, les consommateurs "sont extrêmement vigilants à la variation des prix mais ils acceptent de payer plus cher des produits qui ont une vraie valeur ajoutée ou une valeur nutritionnelle supérieure" à celle du produit précédent.
Contactée par l'AFP, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) n'avait pas commenté en fin d'après-midi cette enquête de l'INC.