Et alors ça prouve quoi ?
Il est de notoriété publique que les vrais copains d'Al Qaida à l'époque étaient les Américains. Alain Chouet, ancien chef du Service de renseignement de sécurité de la DGSE l'a clairement exprimé dans l'interview qu'il a donné (voir extrait ci dessous) :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1010
C'est quand meme assez rigolo que leur bébé al qaida se soit retourné contre eux, ce qui leur arrivé décidément souvent. C'est pour ça que je me demande si c'est une bonne idée d'armer les sunnites Irakiens !!
2 - Comment qualifieriez-vous les relations entre la DGSE et la CIA en matière de contre-terrorisme entre 1999 et 2001 ?
Faisons la distinction entre la lutte anti-terroriste (qui suppose qu’un acte violent à été commis ou est sur le point de se commettre et qu’il existe des auteurs identifiés ou identifiables) et le contre-terrorisme, notion plus vaste qui inclut toutes les mesures politiques, policières, judiciaires, diplomatiques, économiques, sociales et de renseignement visant à prévenir la dérive vers la violence terroriste.
En ce qui concerne la lutte anti-terroriste proprement dite, les relations entre services français et américains ont toujours été bonnes, voire excellentes, et en tous cas fructueuses et opérationnelles. Les seuls problèmes qui ont pu surgir tenaient au système extrêmement procédurier de nos amis américains mais ont été le plus souvent surmontées par les relations interpersonnelles des personnels de base et de terrain.
En ce qui concerne le cas plus général du contre-terrorisme islamique, le divorce était (et, à mon sens, reste) profond. Depuis les années 80, la CIA a joué du Maghreb aux Philippines la carte des mouvements islamistes fondamentalistes sunnites pour contrer les influences soviétique et iranienne, les partis communistes ou "progressistes" locaux, pour assurer un cordon sanitaire autour de l’Arabie Séoudite, etc. Nous étions en désaccord avec cette stratégie, ce qui a conduit à de profondes divergences.
3 Ces deux institutions entretenaient-elles des dispositifs comparables en Afghanistan, en Arabie Saoudite, au Yémen et en Afrique pour suivre al-Qa’îda ? Différences et similitudes ?
En proportion de leurs effectifs respectifs, oui. Mais cela fait une grosse différence...Cependant, le résultat n’est pas toujours proportionnel au nombre et, en comparant nos notes, il nous est souvent apparu que nous en savions souvent autant sinon plus que nos collègues américains. Je vous rappelle que, jusqu’aux attentats de Nairobi et Dar es-Salam, la Qaïda (qui était encore connue comme "Bureau des services") était considérée par les Etats Unis comme un instrument, voire un allié, plus que comme un adversaire. Ce n’était pas notre avis.
4 Comment ces deux services réagissaient-ils face à l’identification des menaces que représentait alors al-Qaîda ?
Les services américains ont été longtemps persuadés qu’ils contrôlaient le mouvement soit directement, soit par services pakistanais ou séoudiens interposés. Cette conviction les a conduits à souvent baisser leur garde ou à rester aveugles à certaines dérives.
5 Si l’un de ces deux services identifiait une menace pesant sur le pays de l’autre, lui transmettait-il l’information ?
S’il ne l’a pas fait, on n’en sait rien....Cela dit, et à ma connaissance, toutes les menaces identifiées, mêmes indirectes ou minimes ont été transmises dans les deux sens. Cela ne veut pas dire qu’elles ont été prises en compte. Je pense en particulier au cas de Zacarias Moussaoui.
6 Une note du 5 janvier 2001 détaille un projet de détournement d’avion validé par Oussama bin Laden ; sur la base d’informations fournies par les services ouzbeks de sécurité. Quelle est l’origine de la coopération avec ces derniers ?
Si mes souvenirs sont bons, elle prend son origine dans les alliances passées par le général Rachid Dostum, l’un des principaux chefs de guerre afghans, ouzbek lui aussi, et qui se battait alors contre les Talibans. Pour plaire aux services de sécurité de l’Ouzbekistan voisin, Dostum a infiltré certains de ses hommes au sein du Mouvement Islamique Ouzbek, et jusque dans les structures de commandement des camps d’al-Qaida. De cette façon, il renseigne ses amis de Tachkent, en sachant très bien que ses informations sont ensuite adressées à Paris, Washington ou Londres.