La secrétaire d'État a achevé hier une tournée dans la région mais n'a pas dissipé le scepticisme ambiant. CONDOLEEZZA Rice s'est fixé un objectif : éviter que la réunion internationale de paix entre Israël et les Palestiniens, que le président George W. Bush veut organiser cet automne, soit un fiasco. La mission est loin d'être jouée d'avance. Lors d'une tournée au Proche-Orient achevée hier, le secrétaire d'État américain a engrangé quelques bons points. L'Arabie saoudite n'a pas exclu une participation à cette réunion, ce qui constituerait une grande première, dans la mesure où ce royaume allié des États-Unis n'entretient aucune relation diplomatique avec Israël, l'autre grand ami des Américains dans la région.
Autre signe encourageant : pour la première fois depuis plus de sept ans, une embellie est perceptible entre Israéliens et Palestiniens. Ehoud Olmert s'est déclaré prêt à négocier un « accord de principe » sur la création d'un État palestinien, qui servirait de base à la réunion internationale. Ce document est censé déterminer la manière dont fonctionneraient un État palestinien et ses futures relations avec Israël. Mieux encore : Ehoud Olmert, selon Condoleezza Rice, serait disposé à discuter des questions
« fondamentales » telles que le tracé des frontières d'un futur État palestinien, le sort des réfugiés palestiniens, ou encore la partie orientale de Jérusalem avec ses lieux saints.
Dans le camp palestinien, le président Mahmoud Abbas et son premier ministre Salam Fayyad, qui jouit de la confiance de Washington, semblent décidés à jouer le jeu, ne serait-ce que pour empêcher un « putsch » des islamistes du Hamas en Cisjordanie, comme celui qui leur a permis de prendre le contrôle de la bande de Gaza en juin. À titre d'encouragement, Mme Rice a débloqué 80 millions de dollars en vue de renforcer les services de sécurité de Mahmoud Abbas.
Bref, tous les acteurs font assaut de bonne volonté. Mais Condoleezza Rice est restée prudente.
« Nous n'avons pas encore envoyé d'invitation », a-t-elle souligné. Ni la date ni le lieu de la conférence n'ont été fixés mais elle pourrait se tenir, selon la radio militaire israélienne, en novembre à Washington.
Le cauchemar des barrages Une clé du succès se trouve à Riyad. L'Arabie saoudite a fait connaître sa bonne volonté, d'autant plus volontiers qu'elle a obtenu de Washington le feu vert longtemps attendu pour l'achat de 20 milliards de dollars d'armes américaines ultramodernes. Mais les dirigeants saoudiens veulent voir les cartes sur la table. Ils ne répondront présents qu'en échange d'une garantie que la réunion traite du
« coeur des problèmes » et ne se transforme pas en un simple forum de débats.
Or, il est peu probable, selon les commentateurs israéliens, qu'Ehoud Olmert veuille ou même puisse s'engager si loin. Le premier ministre estime que l'Autorité palestinienne est trop faible pour contrôler les villes de Cisjordanie. Il n'a levé pratiquement aucun des 500 barrages routiers qui transforment tout déplacement en un cauchemar pour ses habitants palestiniens.
En outre, une centaine de colonies sauvages, qu'Israël s'est engagé depuis des années à démanteler, sont toujours en place. Exprimant le scepticisme ambiant, le quotidien
Haaretz estime que les dernières initiatives diplomatiques relèvent d'une
« réalité imaginaire pour faire croire à la création d'un État palestinien » ou d'un
« exercice virtuel pour une conférence diplomatique et des dîners ».
source : http://lefigaro.fr