Le chef de l'État précise avoir été invité par des amis et se félicite des contrats avec la Libye. C'EST un parc avec vue sur le port du lac Winnipesaukee que Nicolas Sarkozy a choisi pour sa rencontre avec la presse à Wolfeboro, la petite ville de ses vacances. Le ton monte entre les journalistes et les services de sécurité qui attendent le président. Les Américains insistent pour installer une rangée de micros sur un pupitre derrière lequel le président français s'installera.
« J'ai fait la Maison-Blanche et le Kremlin, c'est partout comme ça », crie l'un d'eux. C'était sans compter le goût du président français pour les bains de foule et les cercles de journalistes agglutinés autour de lui. Nicolas Sarkozy aussitôt arrivé, teint bronzé, pantalon de toile, mocassins et chemise blanche, se jette dans la foule et le dispositif explose.
Le président présente sa tractation. Il est ici en congés. Il accepte de répondre aux questions des journalistes.
« Après, vous profitez du lac ou vous rentrez chez vous », dit-il.
D'abord, la question de ses vacances. Il ne voit pas où est la polémique. Le choix de l'Amérique ?
« C'est celui de 900 000 Français par an. Je suis l'un d'entre eux. » Il n'y a rien à y interpréter
« si j'avais choisi l'Italie, ça ne veut pas dire que je n'aime pas l'Espagne ». Et puis, rappelle-t-il, il n'a jamais eu l'occasion de venir aux États-Unis en vacances quand il était plus jeune. Le choix du petit village de Wolfeboro dans le New Hampshire ?
« C'est l'Amérique qu'on aime, l'Amérique populaire », répète-t-il à plusieurs reprises sans répondre directement aux questions sur le financement de vacances dans une villa dont la valeur locative est estimée à 22 000 euros par semaine. Ce sont des amis qui lui ont parlé du petit village au bord du lac.
« Ils y viennent depuis des années, ils ont loué une maison, ils nous ont invités, point. Il n'y a pas de polémique. » Étouffer les polémiques Quant aux interrogations émises par le Parti socialiste,
« si c'est la seule occupation du PS de s'occuper de ça... ». À la fin de la semaine, le député PS René Dosière, qui planche depuis des années sur la question des dépenses de l'Élysée, s'inquiétait en effet de ce que le coût de ces vacances correspondait à
« la totalité de la rémunération annuelle » du chef de l'État.
« Je suis vennu en avion de ligne, ma familles est venue en avion de ligne. Je repartirai en avion de ligne », a-t-il ajouté.
À Wolfeboro, certains habitués de la station se demandent si ce n'est pas Frédéric Otto, un autre résident français de la ville, membre du conseil d'administration de la banque privée Edmond de Rothschild Europe, qui aurait donné l'idée au président français de choisir ce lieu de villégiature.
Quant au programme des vacances, Nicolas Sarkozy a été plus bavard sur ses joggings (une heure par jour si possible) et sur la musique dont sa fille a chargé son iPod (Céline Dion, Didier Barbelivien, Johnny et Elvis Presley) que sur sa rencontre prévue cette semaine avec le président George Bush.
« La Maison-Blanche et l'Élysée l'annonceront en temps voulu », s'est-il contenté de répondre.
Sur la Libye aussi, l'autre dossier matière à polémique en France la semaine dernière, Nicolas Sarkozy dit n'avoir
« rien à cacher ». Sur le rôle de son épouse d'abord. Dans les contacts avec Tripoli,
« Cécilia a été un modèle de tact et d'intelligence ». Les infirmières souffraient en détention, elles ont été libérées, résume-t-il,
« qu'ont fait les socialistes pour elles ? ». Surtout, le président a confirmé ce que Claude Guéant expliquait déjà samedi dans
Le Figaro, à savoir que les contrats d'armement entre la Libye et EADS n'étaient en rien liés à la libération des infirmières.
« Cela faisait dix-huit mois que ces contrats étaient en négociation, autorisés par toutes les commissions nationales et internationales. » Nicolas Sarkozy préfère voir dans ces contrats à venir des promesses d'emplois et de revenus pour les entreprises françaises.
« On va me reprocher de trouver du travail, des marchés pour les ouvriers français ? Les Libyens vont dépenser quelques centaines de millions d'euros pour faire marcher les usines en France, et je devrais m'en excuser ? » Il ne voit pas pourquoi la France n'aurait pas dû s'intéresser à ce marché (
« toutes les entreprises de tous les pays y vont »).
À l'inverse, c'est si la France avait importé des biens de Libye qu'il
« aurait dû y avoir un doute », quant à un éventuel lien avec la libération des infirmières. À écouter le président, la Libye est un partenaire commercial ordinaire :
« Quand vous voyez un pays qui prend le chemin de la normalisation, est-ce qu'il faut qu'on l'aide ou qu'on lui complique la tâche ?» Alors que Nicolas Sarkozy s'acharne à étouffer les polémiques, derrière lui, ça vire à la dispute. Brooks Campbell, un vétéran américain devenu antiguerre qui a aperçu des caméras, agite une pancarte pour le départ des troupes américaines d'Irak. Un autre homme l'insulte.
« Qu'est-ce que vous proposez alors ? » Sa conférence de presse en plein air terminée, le président part serrer les mains des curieux sur le port.
« Tu pourras dire que tu as vu le président de la France », dit une mère à sa petite fille.
source : http://lefigaro.fr