Le président français quitte aujourd'hui Wolfeboro pour rentrer à Paris. Des réunions de ministres sont déjà programmées lundi à l'Élysée. UN PETIT groupe de coureurs se dessine au bout du sentier qui passe entre les lacs de Wolfeboro. Une vacancière sourit. « Il y a plus à voir que des tortues par ici. » Voilà Nicolas Sarkozy. Il est bronzé, pas rasé. Elvis Presley sort du casque de son iPod. Il porte un tee-shirt des services secrets américains. Le président français, qui en profite pour commenter la crise qui frappe les marchés financiers, est ravi de ses vacances américaines. « C'était fantastique », dit-il en interrompant son jogging. « La France est de retour. Il n'y a plus de problème », ajoute-t-il à propos de la relation franco-américaine. Le rabibochage lui semble d'autant plus crucial « qu'ici, aux États-Unis, ils vont bientôt rentrer dans un nouveau cycle d'élection, choisir une nouvelle équipe ».
Du côté républicain au moins, il s'est gagné des amis. Rudolph Giuliani, l'ancien maire de New York candidat à l'élection présidentielle a un nouveau livre de chevet. Témoignage de Nicolas Sarkozy, « un des meilleurs livres que j'ai lus cet été ». Sa fiche de lecture : « L'histoire d'un président français qui croit que l'Amérique a des bonnes idées. » Il l'a résumé en début de semaine lors d'un meeting.
On est loin de l'époque, en 2004, où les conseillers du démocrate John Kerry, demandaient aux journalistes francophones de ne pas adresser la parole à leur candidat en français, de peur d'aliéner des électeurs. « Nous avons maintenant un président pro américain en France », s'est aussi réjoui John Mc Cain, autre prétendant républicain.
Oubliées les blagues anti-françaises de l'époque de l'entrée en guerre contre l'Irak. « Certains ont dit des trucs stupides » balaye le shérif Rondeau de Wolfeboro, un homme qui a perdu une partie de l'ouïe pendant un déploiement de qiunze mois en Irak. « C'est une nouvelle relation entre la France avec les États-Unis. »
« Obstacles surmontés » C'est aussi l'avis de Simon Serfaty, chercheur en relations internationales au Center for Strategic and International Studies. La rencontre « dans l'intimité de la famille Bush » a indiqué à la classe américaine que « les obstacles de personnalité pour ce qui est de l'amélioration du lien bilatéral sont surmontés ». L'absence de Cécilia Sarkozy au pique-nique des Bush samedi a à peine été relevée par la presse américaine. « Peut-être qu'elle n'aime pas les hot-dogs », a ironisé le Washington Post.
Seul couac des vacances : l'abordage par le président d'un bateau de photographes au large de la villa. « Peut-être qu'il a cru qu'il faisait ce qu'aurait fait Rambo ou l'inspecteur Harry dans ses circonstances », gronde gentiment le Boston Globe dans un éditorial.
Pas très loin, à la colonie de vacances du Camp Birchmont, un groupe de jeunes Français moniteurs pour l'été a envoyé une carte postale au président et a eu droit à une visite éclair sur le perron de l'immense villa. Elodie Havet, une étudiante de 21 ans, employée aux cuisines lui a apporté une assiette de gâteaux à la banane et au chocolat. « Tu veux que je grossisse ? » lui a dit le président. Le lendemain, il reprendra son jogging.