Très bonne analyse de la situation Américano-Iranienne
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Mis à Jour le : 2 septembre 2007 17:12
Patrick Buchanan : Bush s’est-il piégé lui-même ?
2 septembre 2007Le discours de Bush accusant l’Iran d’être responsable d’attaques contre les forces américaines en Irak est à double tranchant. Si l’administration US hésite encore quant au déclenchement des hostilités avec l’Iran, par la gravité des accusations portées contre Téhéran, Bush s’est condamné à devoir produire des preuves tangibles de succès en Irak. Faute de quoi il n’aura d’autre issue que le recours à la force contre ceux qu’il a désigné comme les fauteurs de troubles.
Par Patrick J. Buchanan, 28 août 2007
A l’heure où les américains s’inquiètent de la façon dont il vont pouvoir s’extraire d’Irak sans provoquer un désastre plus grand encore que celui que nous avons aujourd’hui, sans que nos amis ne subissent le sort de ceux que nous avions au Cambodge et au Vietnam, il vaudrait mieux qu’ils se préparent à de nouvelles difficultés, car le tapis roulant sur lequel nous sommes poursuit sa marche en avant.
George Bush et ses généraux sont en train de préparer les justifications pour une nouvelle guerre. Et il n’y a eu aucune résistance ni de la part du Congrès, en vacances, ni de la part des candidats à la présidence.
Sur CNN, dans l’émission Late Edition, le Lieutenant Général Odierno, le commandant en second en Irak, a déclaré « pour moi il est clair que [les iraniens] ont accru leur soutien » aux combattants ennemis en Irak.
« Ils le font en fournissant des armes, des munitions, et tout particulièrement des mortiers et des explosifs perforants... ils conduisent en Iran des entraînements d’extrémistes irakiens qui reviennent ensuite ici combattre les Etats-Unis. » [1]
Le Major Général Lynch a déclaré que ses troupes suivaient 50 membres des Gardiens de la révolution d’Iran, qui ont franchi la frontière et entraînés des combattants en Irak. Le Département d’Etat est sur le point de déclarer que les Gardiens de la Révolution sont une organisation terroriste.
Plus tôt en août, le Président Bush a directement accusé Téhéran d’aider les insurgés irakiens qui tuent des soldats américains :
« J’ai demandé à l’ambassadeur Crocker de rencontrer les iraniens sur le territoire irakien...pour leur transmettre le message qu’il y aura des conséquences pour... les gens qui transportent, fournissent des explosifs perforants (EFP), les explosifs artisanaux (IED) [2] hautement sophistiqués qui tuent des soldats américains. »
Les EFP sont des bombes placées sur les routes qui transpercent les véhicules de combat Bradley et les chars Abrams. Ils ont provoqué la mort de nombreux soldats.
Si Bush a pris la décision d’attaquer l’Iran, il s’est piégé lui-même.
S’il n’attaque pas les garnisons [de la Garde Républicaine] il sera tourné en dérision par le Parti de la Guerre, et considéré comme un commandant en chef irrésolu, trop timide pour utiliser la puissance militaire des USA pour protéger ses soldats, ou punir ceux qui attentent à leurs vies.
Bush devra donc, soit annoncer que la diplomatie l’a emporté, et que les attaques en Irak ont diminué ou ont pris fin, soit il aura à expliquer pourquoi le « Top Gun » [3] du porte-avion Lincoln a été trop faible pour assumer ses responsabilités auprès des soldats qu’il a envoyé au combat.
Qui pousse à attaquer l’Iran ? Israël et son lobby. Le Vice Président Cheney. Le Sénateur Joe Lieberman, qui réclame depuis des mois un bombardement des casernes de la brigade Al Qods [des Gardiens de la Révolution]. Et un parti de la guerre qui connaît une disgrâce durable depuis qu’il a mené le pays dans une guerre sans raison, en lui assurant qu’il s’agirait d’une « promenade. »
Les arguments en faveur de la guerre sont à la fois de nature stratégique et politique.
Israël est terrifié à l’idée de perdre le monopole nucléaire au Moyen-Orient et veut pour prévenir cela que les USA s’engagent dans une guerre totale contre l’Iran. Le parti de la guerre craint que l’Iran puisse acquérir une arme nucléaire qui entraverait la liberté d’action des USA dans le Golfe Persique et convaincrait les états arabes que les USA appartiennent au passé, et qu’ils doivent faire des concessions avec l’Iran ou devenir eux-mêmes des puissances nucléaires.
En ce qui concerne Bush et Cheney, s’ils quittent le pouvoir sans avoir attaqué les sites nucléaires iraniens, et si l’Iran obtient une arme nucléaire, la Doctrine Bush aura été mise à mal par un Ayatollah comme par Kim Jong-Il et l’héritage historique de Bush et Cheney sera celui d’une guerre sans victoire en Irak.
Le parti de la guerre est donc à la recherche d’une raison pour lancer des frappes aériennes sur l’Iran qui déclencheraient des ripostes iraniennes sur nos forces. Ils auraient alors le casus belli recherché depuis longtemps permettant de lancer les frappes aériennes sur les installations nucléaires iraniennes.
D’abord les casernes d’Al Qods, puis Natanz, Ispahan et Bushehr.
Dans un premier temps, les américains pourraient approuver le bombardement de l’Iran, et le Congrès en bénéficierait.
Mais si l’on prend en compte que ce serait là un acte de guerre, qui rassemblerait les iraniens derrière le régime en difficulté de Mahmoud Ahmadinejad, et qui déclencherait un conflit durable dont on ne peut prévoir la fin, et pour lequel nous ne diposons pas de soldats, il [faut conclure qu’il ] existe des arguments forts contre la guerre.
Les USA comme l’Iran en paieraient tous les deux le prix horrible, et l’Iran, au moins, semble en avoir conscience. Le gouvernement d’Afghanistan comme celui de l’Irak déclarent que l’Iran se comporte en bon voisin. Il y a des preuves montrant que le programme nucléaire de l’Iran est hésitant, ou ralenti. L’Iran est considéré comme faisant des concessions aux inspecteurs de l’ONU.
L’Iran a libéré un américain arrêté en réponse à l’arrestation de cinq « diplomates » iraniens en Irak. Dans une lettre publiée par le Washington Post, l’ambassadeur d’Iran à l’ONU dément que son pays aide les insurgés irakiens, et appelle le gouvernement américain à « produire les preuves » et à « fournir la liste des agents iraniens qu’il prétend savoir opérer en Irak. »
S’il y a une poussée vers la guerre, elle n’est pas le fait de l’Iran.
Alors que Bush prépare la guerre avec l’Iran, s’il n’a pas encore décidé d’attaquer, que fait donc le Congrès, qui seul a le pouvoir constitutionnel d’autoriser l’entrée ne guerre ?
Ou bien a-t-il donné à Bush et Cheney un autre chèque en Blanc ?
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