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 La volte-face de Bush au Moyen-Orient

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James B. Lewis
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James B. Lewis


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Admirez-vous des politiciens ? : Nathan Sharansky.
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MessageSujet: La volte-face de Bush au Moyen-Orient   La volte-face de Bush au Moyen-Orient Icon_minitimeMer 13 Fév - 16:42

La volte-face de Bush au Moyen-Orient


La volte-face de Bush au Moyen-Orient Bush_c10

Le 24 juin 2002, le Président Bush a présenté sa vision pour une paix israélo-palestinienne. Que chacun d’entre nous ait applaudi au discours de Bush avec le même enthousiasme peut surprendre.


L’un de nous est un ancien dissident soviétique qui a passé neuf ans au Goulag, et après avoir rejoint son peuple à Jérusalem, a passé une décennie dans la vie politique israélienne, servant comme ministre du gouvernement pendant la plus grande partie de cette période. L’autre est un Palestinien qui a consacré sa vie à dénoncer les violations des droits de l’homme perpétrés contre son peuple, sans considérer si ces abus étaient commis par le gouvernement israélien ou palestinien.

L’un est un Juif convaincu de la juste revendication de son peuple sur la terre d’Israël. L’autre est un Arabe convaincu de la juste revendication de son peuple sur la même terre.

Pourtant, alors que nous avons de vrais désaccords qui rendraient un compromis historique difficile et douloureux, nous sommes pleinement d’accord sur le fait que la seule voie vers la paix repose sur la construction d’une société palestinienne libre - une voie que M. Bush a posée audacieusement dans son discours historique.

Hélas, encouragée par des dirigeants israéliens et palestiniens à courte vue, l’administration Bush, qui entame maintenant sa dernière année de mandat, a ressuscité la politique qui a échoué dans le passé et n’a rien apporté d’autre que la tragédie, le terrorisme, et la guerre ; et n’a fait que repousser la paix au loin.

Il y a cinq ans et demi, la véritable percée dans la vision de M. Bush n’était pas son appel pour une solution à deux Etats, ou même l’appel aux Palestiniens à « choisir des dirigeants non compromis dans le terrorisme ». Mais plutôt, la percée était de faire la paix sous condition d’une transformation fondamentale de la société palestinienne. « J’appelle les Palestiniens à construire une démocratie effective, fondée sur la tolérance et la liberté. Si le peuple palestinien poursuit ces objectifs activement, l’Amérique et le monde soutiendront énergiquement leurs efforts...

Un Etat palestinien ne sera jamais créé par le terrorisme - Il sera construit par la réforme. Et la réforme doit être davantage qu’un changement cosmétique, ou une tentative voilée de préserver le statut quo. Une vraie réforme nécessitera des institutions politiques et économiques entièrement nouvelles, fondées sur la démocratie, l’économie de marché, et la lutte contre le terrorisme ».

Beaucoup de critiques ont objecté à l’époque que lier le processus de paix à une transformation de la société palestinienne était un écart radical avec la construction de la paix. En effet. Elle aurait du avoir lieu depuis longtemps.

Ce qui a guidé les décideurs politiques au cours des décennies passées était l’idée qu’un dirigeant palestinien « modéré » qui combattrait le terrorisme pour faire la paix avec Israël avait besoin d’être « renforcé » à tout prix. Yasser Arafat était leur modéré. On lui donna un territoire, des armes, de l’argent et une chaleureuse adhésion diplomatique.

On ignora totalement ce qui se passait dans la société palestinienne. Alors qu’Arafat vidait la société civile palestinienne, donnant le contrôle de l’économie à des copains corrompus, détournant des milliards de dollars vers ses comptes privés, foulant aux pieds les droits de son propre peuple, et utilisant les media et les écoles sous le contrôle de l’AP pour endoctriner une génération dans une culture de haine, l’étreinte de l’ours par la communauté internationale ne faisait que se resserrer. En fait, la dictature émergente d’Arafat était considérée comme une ressource dans le processus de paix. On tenait là un chef « puissant » disait-on, avec qui on pouvait traiter. Rien ne devait être fait pour l’affaiblir.

Le discours de M. Bush était supposé changer tout cela. Il était supposé déplacer le centre d’intérêt là où il aurait toujours dû être : aider les Palestiniens à construire une société convenable, qui protègerait les droits de son propre peuple et agirait pour la paix avec ses voisins. Il était supposé commencer à aider les Palestiniens dans le dur labeur de reconstruction de leur société civile : construire une économie libre ; mettre en place de vraies cours de justice ; réformer leurs services de sécurité, et réorganiser leur système éducatif.

Le Président a le grand mérite d’avoir placé un projecteur sur les problèmes de la démocratie et des droits de l’homme, et de croire fermement que le progrès de la liberté est essentiel pour la paix et la stabilité internationales. Il a fait de cette idée un point central de son second discours inaugural, et il l’a repris en juin dernier à Prague lors d’une conférence des dissidents du monde entier. Le mois dernier, le Président Bush n’a pas flanché en parlant de la liberté et des droits de l’homme au cœur de l’Arabie.

Mais les dernières années écoulées ont démontré que quand il s’agit de traiter avec les Israéliens et les Palestiniens, le lien vital entre la liberté et la paix est presque totalement ignoré. C’est vrai, l’administration ne fait rien contre les vœux des dirigeants israéliens et palestiniens actuels. Mais exactement comme le processus de paix d’Oslo dans les années 1990 ont été un désastre auquel les dirigeants israéliens et palestiniens ont adhéré de tout cœur, de même la phase de construction de la paix actuelle se révèlera désastreuse parce qu’elle ignore le plus important.

Plutôt que de commencer le long et difficile processus de transformation de la société palestinienne, et enfin ouvrir la voie à la paix, l’administration a constamment soutenu des solutions rapides et stupides : depuis la conception d’une « feuille de route » qui se prétendait au service de la réforme ; en passant par le soutien au désengagement unilatéral qui par nature a ignoré la société palestinienne ; jusqu’à faire pression pour des élections sur un claquement de doigts, précédant plutôt qu’elles ne suivaient une réforme, et plaçant ainsi le Hamas au pouvoir.

Quand Arafat quitta la scène, nous avons espéré qu’on donnerait sa chance à la vision de Bush. Mais tout ce qui est arrivé, c’est que le président Mahmoud Abbas (aussi appelé Abou Mazen) et le premier ministre Salam Fayad sont devenus les nouveaux « modérés » qui doivent être renforcés à tout prix. Plutôt que d’établir un lien clair entre le soutien à l’AP et la réforme, et de choisir ouvertement des réformateurs palestiniens sincères qui sont les vrais alliés du monde démocratique, on a promis des milliards à Abou Mazen, bien qu’il n’ait rien fait. Avec les media totalement sous son contrôle, la provocation à la haine continue, et personne ne soulève des objections sérieuses. Il est, nous dit-on, trop « faible » pour agir.

Il y a quelques semaines, lors d’une réunion avec un officiel de haut rang responsable de la politique étrangère européenne, l’un d’entre nous (M. Sharansky) parla de la nécessité de soutenir le travail des autres (M. Eid) dans la promotion et des droits de l’homme dans les territoires palestiniens. Après que le dirigeant européen ait exprimé son profond engagement envers la paix, la démocratie et les droits de l’homme, il posa la question importante entre toutes : « Quelle est la relation de M. Eid avec Abou Mazen ? » Après avoir entendu qu’elle était tendue, à cause de critiques constantes sur l’échec d’Abou Mazen pour réformer, l’enthousiasme du haut fonctionnaire s’évapora brusquement. « Ce sera un problème. Nous ne pouvons rien faire qui affaiblira Abou Mazen ». Cette vieille attitude renouvelée rappelle l’absurdité de ceux qui refusaient de soutenir les dissidents démocrates derrière le rideau de fer, parce qu’ils affaiblissaient leurs dirigeants.

Le Président Bush devrait consacrer sa dernière année de mandat en aidant les Palestiniens à commencer la transformation de leur société, de façon que la vision dont il a parlé naguère avec tant d’éloquence ait une chance de se réaliser un jour. Nous avons perdu trop de temps à renforcer des chefs sans parvenir à rien. Commençons par renforcer la société palestinienne, et lançons un vrai processus de paix une fois pour toutes.

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