Un camouflet judiciaire pour France 2 Sur UVN http://une-vision-neoconservatrice.over-blog.com/article-20160810.html
Ma confiance en la justice de mon pays est relativement limitée, tout particulièrement lorsqu’il s’agit du secteur de l’information…
Il arrive néanmoins que, dans ce qui est le plus souvent le combat du pot de fer « politiquement correct » contre le pot de terre des défenseurs de la vérité, le pot de terre gagne. C’est ce qui vient d’arriver à Philippe Karsenty. Et il doit cette victoire, à son courage, à sa ténacité et à son opiniâtreté.
Ce dont il s’agit est un peu oublié en France : c’est ce qu’on appelle « l’affaire al Dura ». Un cameraman filme des images sur lesquelles on voit deux Palestiniens, un homme et un jeune garçon, sembler s’abriter pour éviter les balles. Un journaliste de France 2, Charles Enderlin, utilise les images et ajoute un commentaire censé expliquer les faits : un père et son fils « subissent les tirs de l’armée israélienne », quelques secondes plus tard, « le jeune garçon est mort ». Images et commentaires font le tour du monde. Le jeune garçon devient le symbole même de la victime de « l’atrocité sioniste ». Son effigie fait l’objet de murs peints, d’affiches, de timbres, de monuments et de célébrations malsaines par islamistes, gauchistes et autres personnages peu recommandables.
Des enquêtes sont menées par divers investigateurs, l’une par une cinéaste appelée Esther Schapira en Allemagne, une autre par la Metula News Agency. Philippe Karsenty, qui a fondé une agence de notation des médias, Media Rating, traite du sujet, enquête lui-même, et publie ce qui est à ses yeux la vérité : les images sont le résultat d’une pure et simple mise en scène. Charles Enderlin et France 2 déposent plainte pour diffamation. Ils gagnent en première instance. Ils viennent de perdre en appel. Certes, Philippe Karsenty continue à être considéré comme ayant diffamé, néanmoins, sa « bonne foi » est établie, ses preuves et expertises sont retenues, et il obtient une relaxe.
La « diffamation de bonne foi » est, bien sûr, une notion très étrange, une particularité qui a des allures de cercle carré ou de parallélépipède sphérique. C’est un petit pas en termes de justice, mais c’est un grand pas dans le contexte français !
De nombreux médias avaient fait état de la condamnation de Philippe Karsenty en première instance, les avocats de France 2 et de Charles Enderlin avaient littéralement traîné Philippe Karsenty dans la fange en des termes que la décence m’interdit de reproduire ici ; la relaxe qui vient d’être prononcée a fait, elle, l’objet d’une infinie discrétion…
Le mur de la « vérité officielle » tient encore, le pouvoir de parler pour dire certaines vérités qui ne sont pas conformes à la « vérité officielle » se trouve toujours tenu bien en main par le complexe médiatico-politique de la nomenklatura française.
Néanmoins une lézarde s’est dessinée, et ce devait être dit. C’est parce que Philippe Karsenty a tenu bon que la lézarde a pu se dessiner. C’est parce qu’un juge, Laurence Trebucq (qu’il lui soit rendu hommage) a tenté, dans un contexte où c’était difficile, de dire un tant soit peu le droit que la lézarde a vu le jour. Dans un geste qui n’a pas de précédent à ma connaissance, Charles Enderlin et France 2 portent l’affaire devant la Cour de Cassation, mais celle-ci ne peut trancher que sur la forme, pas sur le fond.
Ailleurs qu’en France, dans des pays de liberté de parole, ce sont bien davantage que des lézardes qui se sont dessinées dans le mur de la « vérité officielle » : je n’ai, dans ce pays de liberté provisoire et surveillée, pas le droit d’en dire davantage, la police de la pensée veille. Mais tous ceux qui me lisent savent qu’on peut utiliser internet pour s’évader.
On a parlé, dans la presse américaine, de nouvelle affaire Dreyfus, les choses, fort heureusement, n’ont pas été aussi longues et douloureuses pour Philippe Karsenty. Elles n’en ont pas moins été bien trop longue et trop douloureuses pour un homme intègre et qui s’est contenté de faire ce que nous devrions tous faire : ne pas fléchir, parce que c’est dans les gestes et les mots de chacun d’entre nous qu’avancent ou reculent le bien et le mal, la vérité ou le mensonge.
Philippe a contribué à servir le bien et la vérité. Je ne doute pas qu’il poursuivra un combat qu’il mène pour bien davantage que lui-même, et je voulais aussi lui signifier, par cet article, ma profonde gratitude.
- Par Guy Millière pour les 4 vérités Hebdo