Georges D. Nightmare
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| Sujet: Travailler plus, toujours plus, pour...? Mer 9 Juil - 19:05 | |
| Merci encore à tous les petits moutons qui ont voté pour sakozy en espérant niaisement qu'on allait travailler plus pour gagner plus : le résultat est là : on va travailler plus pour pas un kopeck de plus et on aura pas le choix.
Travailler plus, toujours plus, pour...?
Par Rage Agoravox - il y a 34 minutesCet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole.
Il y a déjà six mois, je proposais un article d'étape évoquant les principales dispositions évoquées par le gouvernement pour mettre en œuvre le « travailler plus pour gagner plus ».
Cristallisées par la loi dite « TEPA », les rustines telles que les allègements des charges sur les heures supplémentaires, la monétarisation des RTT, la possibilité de travailler le dimanche, les primes annuelles non imposables (etc.) ouvraient une large brèche sur les 35 heures.
Non content d'en constater l'inefficacité structurelle – malgré des statistiques tirées du chapeau – le gouvernement a voulu aller plus loin : travailler plus longtemps la semaine (48 heures), plus longtemps dans la vie (40 puis 42 ans avec en ligne de mire la position du Medef) et enfin, plus longtemps dans l'année.
I. Plus de travail pour moins de pouvoir d'achat
Le député Jean-Frédéric Poisson (UMP) porte un amendement qui plafonne le forfait jour, notamment pour les cadres, à 235 jours de travail par an, soit plus exactement 365 jours – les samedi et dimanche (104), les congés payés (25) et le 1er mai.
En faisant passer de 218 à 235 le seuil maximal de jours de travail par an pour les salariés au forfait, sauf accord contraire conclu dans une entreprise ou une branche (autrement dit le fait du prince à la grâce de l'employeur), les cadres seront légalement soumis à travailler lors de leurs jours de congés ou, même pire, à pouvoir les prendre sans être payés !
Le système actuel permettait via le forfait jour (plafonné à 13 heures/jour) aux cadres de se « driver » dans la gestion de leur temps de travail tout en ayant la capacité de prendre des jours de repos.
En élargissant les plafonds, une fois encore, le gouvernement ouvre la porte aux employeurs peu regardants d'ouvrir grand les vannes du temps de travail.
Il n'est à n'en pas douter que les cadres, ou même les salariés, ne verront pas grand-chose à l'élargissement de leur temps de travail sur leur feuille de paie.
En effet, si l'employeur, dans un processus privilégiant la course au moins-disant, décide que le cadre devra réaliser 45 heures/semaine, 235 jours/an pour un salaire de xxxx euros, que pourra répondre le cadre-employé en face ?
Si l'on prend le cas des nouvelles recrues, elles devront accepter ces conditions pour des salaires qui, on peut s'y attendre, seront proches de ceux octroyés « avant » pour moins d'heures et moins de jours. Quelle sera de plus leur marge de négociation s'il existe dans l'équipe un "fou du travail-célibataire-passionné" qui accepte le lance-pierre quand certains souhaiteront faire moins ? Qui aura la promotion si l'un refuse les heures sup' et l'autre accepte ?
C'est la course aux échalotes et à la "prostitution sacrifice" au travail. La pression sur le travail des femmes n'en sera du reste qu'accrue, notamment à l'embauche entre 25 et 35 ans.
In fine, les grands gagnants sont les employeurs.
En effet, le gouvernement vient de leur servir sur un plateau d'argent la capacité d'exploiter un peu plus leur personnel pour des coûts marginaux, mais avec un « volume horaire » supplémentaire conséquent.
Ce capital volume ne signifiant pas forcément plus de performance, d'autant plus qu'en tirant plus la corde sur les salariés en place on risque d'aggraver encore le mal-être au travail, il peut signifier plus de marges et de bénéfices globaux.
II. Tout devient plus compliqué
En rognant sur les progrès sous l'étendard de la « liberté » des horaires, on ouvre la porte à la mise à géométrie variable du temps de travail et plus encore à l'opacité grandissante du ratio « rémunération/temps de travail ». Il est du reste fort à parier que les individus payés à l'heure verront leur ratio horaire irrémédiablement chuter.
La déréglementation du travail salarié s'inspire d'un modèle « cadre sup libéral » qui n'a de sens que si celui qui souhaite travailler plus, travaille pour son propre compte et conserve le choix de le faire ou non. En l'occurrence, sans avoir le droit de choisir, l'alignement sera fait automatiquement par l'employeur : le rapport de force employeur-salarié n'en sera que plus inégal.
Je n'évoque même pas le cas de ceux qui, coincés par l'obligation de trouver un emploi, se retrouveront à brader leur temps pour des salaires de misère : pas de chômage, mais des travailleurs pauvres : est-ce réellement un progrès ?
Pour les citoyens non. Pour les employeurs, c'est certain. Sauf à ce que les tensions dans le travail n'explosent et transforme le slogan de N. Sarkozy en une démotivation rampante qui nuira encore un peu plus à la croissance : on ne construit rien quand les hommes ne croient pas à ce qu'ils font et dans le système dans lequel ils évoluent.
A trop regarder dans le rétroviseur, on risque de prendre le mur.
La classe politique est déconnectée des réalités de terrain : leur erreur n'en est que plus grave.
Quand agir sur les salaires et les impôts serait trop efficace et trop simple, il est tellement plus aisé d’agir à la marge sur les avantages des uns ou des autres...
Que les bas salaires, les temps partiels, les retraités, les seniors, les étudiants, les employés de PME... se rassurent : leur feuille de paie évoluera à la marge alors que la concentration des profits se fera pour une frange silencieuse qui sait pertinemment - et depuis longtemps - que travailler rapporte tellement peu qu’il vaut mieux savoir faire travailler les autres pour son compte et feindre d’être actif. Tous les gestionnaires de SCI vous le diront...
La doctrine utilisée par la droite n'est pas nouvelle, d'autant plus qu'elle prend comme points de repères les Etats-Unis, la Chine ou le Japon :
Plus un individu travaille, plus il est censé produire de richesses. Plus il produit de richesses, plus il est attractif pour la sphère des encadrants et plus il est possible pour une large frange de vivre sur la production de la base.
Aujourd’hui – Cf. article de Forest Ent
- les crises qui secouent « l'argent facile » dans l'immobilier (notamment Américain/Subprimes) occasionnant des éclaboussures sur le secteur boursier et la croissance mondiale puis le report sur d'autres « valeurs porteuses » comme le pétrole ne permettent plus à la sphère encadrante de générer suffisamment de profit pour maintenir son train de vie.
Il est donc nécessaire de recentrer l'action sur la base productive, notamment en France, en tirant un peu plus sur la corde.
III. Une stratégie vouée à l'échec
Tirer sur la corde, sans doute.
Faut-il encore qu'elle ne craque pas.
Les messages subliminaux de la nécessité impérieuse de cotiser plus longtemps, d'être moins remboursé ou de devoir se serrer la ceinture n'auraient de sens que si structurellement les abus étaient combattus.
Autrement dit, on pourrait y croire si l'exemple venait d'en haut.
Loin de ces réalités-là, le train de vie de l'Etat n'a lui pas diminué.
- Les salariés payent toujours autant de cotisations à la Sécu alors que celle-ci rembourse de moins en moins de frais courants, mais de plus en plus de « thalassos » et autres « chirurgie esthétique ».
- Les cotisations retraites ne baissent pas alors que les petites retraites plafonnent (une augmentation de 5 %/an sur cinq ans revient à donner moins de 30 €/individu et par an d'augmentation) et que certaines mises en retraites anticipées sous prétexte de loi Fillon 2004 se paient au prix fort.
- Les postes fixes de charge de la vie courante sont tous en croissance exponentielle, qu'il s'agisse du logement, du pétrole ou de la nourriture. Ces postes font donc d'heureux bénéficiaires, mais pénalisent la « masse » qui voit le niveau de l'eau monter.
- Les prélèvements sont toujours à des niveaux élevés, mais avec des canaux différents (on poursuit les bénéficiaires de la prime « 1 500 € » alors que l'on oublie de s'attaquer aux niches des placements locatifs, par exemple) et les dépenses de fonctionnement de l'Etat toujours plus lourdes pour un service rendu qui n'a guère évolué depuis vingt-cinq ans.
La liste pourrait s'allonger de l'immobilisme structurel, intellectuel et stratégique qui mine le pays sur le fond.
Mais il est tellement plus facile de se retourner sur les « rameurs », ces derniers n'ayant plus le temps de faire entendre leur colère, surtout à une époque où les grèves passent inaperçues (notamment parce que le dialogue n'existe pas, mais également parce que les syndicats l'usent à mauvais escient) !
Le seul problème étant, au final, qu'à force d'envoyer des missiles balistiques jour après jour, on risque de générer une profonde exaspération couplée à une difficulté de terrain qui pourrait bien faire exploser le couvercle que l'on a soigneusement apposé sur la société française.
L'année 2008 sera à n'en pas douter une année noire pour ceux qui n'ont pas les moyens de faire entendre leur voix. On peut donc en corollaire se poser la question du gouffre existant entre le malaise des Français et l'absence quasi totale d'intervention d'une opposition digne de ce nom.
La résignation gagne, pour combien de temps encore | |
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