Attention : discours subversif et gauchiste, a ne lire que par des oreilles averties !!
Ca peut sembler une évidence, mais je suis sur que ça va en faire bondir plus d'un ici, et pourtant on atteinte ici l'un des coeurs du probleme, que ce soit aux USA et encore plus en France :
Ici on arrete pas de dire : "il faut relancer la consommation pour que nos entreprises tournent" et dans le meme temps il faut bien admettre que la classe moyenne n'a meme plus de quoi consommer (sans parler des classes les plus pauvres), tellement les salaires stagnent et les prix augmentent. (d'ailleurs pour parler vulgairement on s'est bien fait niquer avec l'Euro)
Prenons un salaire moyen de 2000 euros, une fois que vous avez payé vos 1000 euros de loyer ou de crédit, vos dépenses incompressibles pour une famille moyenne (bouffe, transports etc...), soit à peu près 1000 euros, il vous reste que dalle pour dépenser, pour consommer.
Les salaires US sont plus élevés ce qui explique en partie la meilleure conso des ménages US, mais la bas aussi les salaires stagnent , et meme restent au raz des paquerettes pour les jobs les moins élevés dans la hiérarchie.
Alors c'est bien beau de vouloir produire au plus bas prix mais une fois qu'il n'y aura plus personne pour acheter on aura l'air con !!
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Mega-fortunes : ça suffit comme ça4 septembre 2007
Ce cri du cœur que l’on pourrait croire signé Besancenot ou Laguillier est celui de Bill Gross, le manager d’un fond d’investissement américain dont le ticket d’entrée se situe - excusez du peu - à cinq millions de dollars. Effaré par le niveau de rémunération des managers pratiqué aujourd’hui, par l’accroissement des inégalités et par la stagnation des revenus de la classe moyenne qui minent la société américaine, il préconise... l’augmentation des impôts sur les grandes fortunes, qui est selon lui le seul moyen de redistribuer la richesse.
Par Bill Gross, directeur du management PIMCO Bonds, aout 2007
Les riches sont différents de vous et moi écrivait Fizgerald, et je crois qu’ils le sont, mais ces différences croissent ou s’évanouissent avec les vagues économiques. Les ages dorés vont, viennent et renaissent au gré des tempêtes déchaînées par les forces irrésistibles de la globalisation, de l’innovation et des politiques fiscales. Pour que les riches deviennent réellement riche et multiplient leurs gains, ils ont besoin d’aide. Ils peuvent s’avérer d’habiles surfeurs, mais comme tous les compétiteurs, ils ont besoin d’une vague favorable qui leur permette ensuite de se féliciter pour leurs talents et de se déclarer maîtres de leurs univers, même si cela ne dure qu’un moment. Croire que les planches de surf rutilantes du 21 ème siècle bardées d’autocollants « private equity », « hedge finance » soient uniques en leur genre relève de l’illusion.
La richesse a toujours été attirée par les gens qui prennent des risques avec l’argent des autres, mais tout spécialement lorsque les impôts sont bas. Les riches sont différents - mais ils ne sont pas nécessairement les modèles pour la société. Ce sont en fait les forces issues de la société et sa volonté présente d’entretenir leur richesse qui les poussent de l’avant.
Prendre au sérieux le débat actuel consistant à se demander si les managers de capitaux privés et de fonds d’investissements seront toujours incités à entreprendre, dans le cas ou le Congrès déciderait de relever leur taux d’imposition au même niveau que celui de la classe moyenne américaine, relève de la plaisanterie. Comment peut-on prétendre, comme l’a fait Kenneth Griffin qui a reçu l’année dernière plus d’un milliard de dollars au titre de sa fonction de manager du Citadel Investment Group, que « la répartition des revenus [actuelle] doit rester ce qu’elle est. Si les impôts deviennent trop élevés, par principe, je ne travaillerais pas aussi dur. » Admettons. Dans le même temps, il a déclaré à Louis Uchitelle du New York Times que les nouveaux riches « découvraient rapidement que la richesse n’était pas un résultat satisfaisant en soi. » Les membres de l’équipe de Citadel, déclare-t-il, « aiment les difficultés dans leur travail et les défis inhérents à leur activité. » Oh, que voilà un délicat ouvrage qui les occupe ! Ils feraient mieux de reconnaître, comme Warren Buffett, que le taux moyen d’imposition des américains les plus fortunés avoisine 15%, alors que celui de leurs salariés et de leurs assistants, nettement moins incités ceux-là, est près du double.
Ils feraient mieux de reconnaître, comme le montre le tableau ci-dessous, que c’est seulement en deux occasions durant le siècle dernier qu’une si grande partie (5%) du revenu national est allée à la tranche supérieure représentant 0,1% des familles américaines [1]. Ils feraient mieux reconnaître, pour citer Buffett, que la société doit accorder la première importance à l’abondance mais devrait continuellement s’efforcer de redistribuer cette abondance plus équitablement.
(En 2005, les 14 588 familles ayant un revenu supérieur à 9,5 millions de dollars ont reçu 5% de l’ensemble des revenus.)
Les remarques de Buffett définissent les contours de ce débat : à quel moment ça suffit comme ça ? D’accord, le modèle de capitalisme américain a promu et nourri l’innovation et la globalisation qui sont les fondations premières de la richesse. C’est là l’abondance dont parle Buffet - la création du suffisamment. Mais lorsque les fruits du labeur de la société deviennent mal distribués, quand les riches s’enrichissent et que les classes moyennes et en dessous se battent pour maintenir la tête hors de l’eau, comme c’est clairement le cas aujourd’hui, alors le système finit par casser ; toutes les embarcations ne s’élèvent pas en même temps sous la marée montante des richesses ; et le base ne tient plus.
A cela, les riches ripostent bien sûr par d’écoeurantes auto-justifications, insistant sur leurs activités charitables et philanthropiques, suggérant qu’ils sont mieux à même de redistribuer la richesse que la société qui leur a fourni les bases permettant de devenir riche. Peut-être. Mais à l’exception des Gates et Buffett, (qui méritent d’être salués) parmi les 400 méga-fortunes listées par Forbes et ceux qui veulent les imiter, l’inefficacité de la redistribution des richesses est peut-être aussi insigne et gaspilleuse que celle de n’importe quel service de l’état, sinon plus.
Propriétés pour leurs enfants, héritages pour leurs petits enfants, multiples résidences secondaires, avions privés, anniversaires fêtés à coup de millions de dollars et donations motivées par leur narcissisme aux musées locaux et aux salles de concerts ne sont qu’un aperçu de la manière dont ils gaspillent l’argent. Et je dois admettre que si je suis coupable de l’un au moins des péchés énumérés dans cette courte liste, j’ai évité le dernier cité. Lorsque des millions de personnes meurent du SIDA et de la malaria en Afrique, il est difficile de justifier un énième gala au bénéfice d’un centre artistique ou d’une salle de concert. Un don de trente millions de dollars pour une salle de concert ce n’est pas de la philanthropie, c’est le sacre de Napoléon.
Alors, quand donc cela suffira comme ça ? Il est l’heure maintenant, et depuis déjà longtemps en fait, de reconnaître que pour les riches, pour les méga-riches de ce pays, cela ne suffit jamais, et qu’il appartient au gouvernement de rectifier les déséquilibres actuels. Pour l’ancien dirigeant d’American Airlines, Bob Crandall, « La manière dont notre société égalise le revenu, c’est à travers un niveau d’imposition supérieur à celui que nous avons aujourd’hui. Il n’y a pas d’autre méthode. »
Bien dit, Bob. Pas un mot de trop, Bob. Car pour le nouvel age doré du 21 ème siècle le suffisant a clairement pris la forme de l’excès.
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