Voici peu, un éditorialiste conservateur américain s’étonnait de voir à quel point l’Irak avait disparu soudain des gros titres des journaux. Sa déduction était que les journalistes américains ayant été plutôt de gauche et nettement défaitistes ces dernières années, présenter une situation où tout va mieux relèverait, pour eux, presque de l’insupportable.
Ce que cet éditorialiste relevait concernant les journalistes américains, il aurait pu le relever avec plus de netteté encore en observant les médias français. On ne parle plus de l’Irak. Il n’y a plus guère d’attentats suicides. Le calme règne. Les éléments permettant de parler de « bourbier » se font de plus en plus minces et se rapprochent de l’inexistant.
La visite du président irakien Jalal Talabani à Paris voici quelques jours a été passée sous silence : nous n’en avons eu qu’une image fugace dans un reportage consacré à un sujet bien plus important : le divorce entre Cécilia et Nicolas. Nul reporter n’a eu l’idée d’interviewer un homme élu démocratiquement par son peuple : tout le monde n’a pas la chance d’être un dictateur sanguinaire.
J’ai dit en ces colonnes que la guerre de libération de l’Irak était gagnée depuis le printemps 2003. C’est un fait. Le rétablissement de l’ordre à l’intérieur du pays a pris, lui, bien davantage de temps que prévu. Des erreurs ont été incontestablement commises. Les décisions initiales de l’armée et de Donald Rumsfeld d’envoyer peu de soldats se sont révélées malencontreuses.
Des terroristes venus d’Iran et de Syrie ont tenté de fomenter une guerre civile. La population irakienne, qui n’avait pas besoin de cela après des années de dictature, a souffert de la violence islamiste. C’est, pour l’essentiel, fini. La stratégie de « surge » (montée en puissance) élaborée par le général Petraeus a porté ses fruits. Tout ou presque montre que l’armée américaine va pouvoir graduellement se retirer. Les démocrates américains qui avaient misé très gros sur la défaite tentent encore des opérations de diversion, mais ils discernent que, pour l’emporter en 2008, il leur faudra d’autres thèmes de campagne. Les médias américains vont devoir s’adapter. La France, grâce à Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner, a retrouvé son honneur un temps perdu. Je ne sais combien de temps les médias français mettront pour s’adapter à la réalité eux aussi. Peut-être vont-ils garder le silence, travestir les faits.
Laisser dans les têtes l’idée que la guerre d’Irak a été inutile et s’est soldée par un échec, ce serait contribuer à répandre l’idée que le monde occidental et la civilisation sont impuissants face à la barbarie et doivent se résigner au mieux au statu quo, au pire à la soumission. Ce serait dire aux islamistes qu’ils ont raison et continuer à diffuser auprès des musulmans des banlieues l’idée que l’Amérique et l’Occident n’incarnent pas les valeurs de liberté qu’ils prétendent incarner. Ce serait dire aux dictateurs du monde arabe, à al-Qaida, à Ahmadinejad qu’ils peuvent compter indéfectiblement et quoi qu’il arrive sur les idiots utiles des salles de rédaction pour se conduire de la manière la plus servile et la plus obséquieuse au service du pire.
Nous sommes dans une époque dangereuse. La guerre d’Irak n’a été qu’une étape dans la guerre planétaire en cours, et qui oppose la civilisation au totalitarisme islamiste. Le politiquement correct aux États-Unis implique de réprouver le recours à la guerre, et donc de ne pas dire que celle-ci peut se révéler parfois efficace. Le politiquement correct en France et en Europe est bien pire encore : il implique le souhait de la victoire de l’ennemi. Et il implique aussi que, même lorsque l’ennemi est vaincu, comme en Irak, on persiste à faire comme s’il avait gagné. Bat Ye’or a écrit d’excellents livres sur la condition de dhimmi, citoyen de seconde zone en terre d’islam. Les adeptes du politiquement correct en France et en Europe n’ont, je le crains, même pas conscience du fait qu’ils se comportent de manière plus lamentable encore que des dhimmis.
Ils n’ont pas conscience qu’en se prosternant aux pieds des adeptes du totalitarisme islamique et en faisant preuve de mépris envers leur propre civilisation, ils se placent du côté de la pire barbarie : trahissant ainsi les millions d’hommes et de femmes, en Irak et ailleurs en terre d’islam, qui aspirent, non pas à la barbarie, mais à une vie libre.
G.M
http://www.les4verites.com/Irak-la-guerre-oubliee-parce-que-gagnee-1687.html